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Tribune. Pascal Brun Au secours Métiers hospitalité se perdent

par Pierre Berthet le 22-04-2022

TRIBUNE. Au secours !! Les métiers de l’hospitalité se perdent

Pascal Brun,* hôtelier restaurateur alerte sur la pénurie de main d'œuvre dans le secteur de l'hôtellerie -restauration. 

Voici la tribune de Pascal Brun, hôtelier restaurateur : On a coutume de dire, que la saison estivale dans la restauration et l’hôtellerie débute avec le week-end de Pâques. C’est généralement le moment de l’année ou le prix des menus, des cartes et des prix de chambres sont revus à la hausse pour bénéficier pleinement de l’effet volume. Les week-ends prolongés et les « ponts » du mois de mai lancent la saison d’été. Tout doit être prêt pour accueillir de la meilleure façon les flux d’estivants. Qu’en est-il à l’orée de la saison 2022 ? La pénurie de main-d’œuvre décriée et constatée depuis maintenant deux ans est-elle résorbée ? Notons que les syndicats de salariés, et les représentants patronaux de la profession se sont récemment entendus pour des augmentations substantielles de salaires ; environ 16% de revalorisation salariales ont été actées. Est-ce suffisant ? Que nenni !! Réduire cette désaffection de main-d’œuvre à une question de rémunération est réductrice. Loin de moi l’idée de négliger l’importance du salaire. Mais je persiste et signe à affirmer que le sujet est ailleurs.

Le lundi 18 avril dernier, un éminent représentant de l’Union des Métiers de l’Industrie Hôtelière (UMIH) principal syndicat patronal, a tiré la sonnette d’alarme. Monsieur Jean TERLON, vice-président de la branche restauration de l’UMIH a annoncé sur RMC, que le nombre d’offres d’emploi non pourvues avoisinent les 360 000, tant et si bien, que certains exploitants envisagent sérieusement de réduire leur activité, voire de cesser toute exploitation.

Ceux qui me lisent régulièrement savent que l’angle mort de notre profession est ailleurs. Nous souffrons d’un manque criant de managers, d’encadrants, et responsables formés à la juste animation des équipes. Susciter l’envie, donner le goût de l’effort, du service et de l’enchantement client, telles sont les carences.

L’ascenseur social qui faisait l’intérêt de ce métier, et qui attirait les jeunes il y a quelques années, est aujourd’hui en panne. On ne donne plus de perspectives d’évolution, on a tué le rêve et l’imaginaire. Exécutant tu es, exécutant tu resteras.

Les générations qui arrivent aujourd’hui sur le marché du travail ne cherchent pas qu’un travail et un salaire, mais sont en quête d’un projet de vie professionnelle. Saurons-nous répondre à cette attente ? Faire grandir les collaborateurs qui nous entourent, tel est le challenge. Ceux qui perçoivent l’enjeu s’en sortiront, les autres seront lourdement sanctionnés par le marché.

Cf. Pascal Brun (AE.E.H.P. JEAN DROUANT – BTS 1981). -  JDD – 21 avril 2022.